mercredi 16 juillet 2014

Takatak jusqu'à Mahanoro

Tout se sait très vite dans ce pays...il y a des vazahas qui cherchent un bateau pour Mahanoro. Donc vers 13h quelqu'un vient nous prévenir à l'hôtel qu'il y aura un bateau bientôt ! Nous préparons tout et descendons à l'embarcadère.
Dans un premier temps, nous sommes un peu méfiants car c'est un bateau de marchandises qui est rempli à ras bord de sacs de poivre noir. Nous sommes les seuls passagers avec les cinq membres d'équipage qui ne parlent pas français. Et la veille, on nous a expliqué que les bateaux hors bord c'est nettement mieux et plus rapide que les takatak (Orthographe Pierre !). Les takataks, ceux sont les mêmes coques que le premier mais avec un moteur diesel en tous points semblables au bac de Belo. Le nom takatak fait référence au bruit infernal du monocylindre kubota...entre nous nous les avions surnommés poufpouf.

Dans l'affaire un autre passager nous rejoint, on embarque aussi sa moto. Ça va faciliter les choses il comprend 3 mots de français.
Nous partons vers 15h, ils nous ont fait une petite place parmis les sacs, pour mettre nos affaires. On n'y viendra que plus tard car le vacarme est plutôt assourdissant si près du moteur.
On partage le repas, riz poisson séché...si on a bien compris c'est le repas du midi.
Les vélos sont sur le toit.
La casquette Racing du pilote, des plus adaptées à notre vitesse de croisière.
Avec le soleil qui décline les couleurs sont sympas.
Le circuit de refroidisement est des plus simples. Un tuyau métalique fait un aller retour dans l'eau dernière le bateau, puis finit dans le vase d'expension qui est une vieille bouteille de gaz. Quand ça chauffe un peu trop, ils installent une bouteille pour mettre l'eau chaude dehors, et prennent 3 ou 4 seaux dans le canal pour reremplir.
En fait ce n'est pas un kubota mais une copie chinoise. Ça se démarre à la manivelle.
Les pécheurs installent des roseaux pour diriger les poissons vers un casier doté d'un entonnoir à l'entrée.
Ça donne envie Mada ?
On va s'arreter vers 20h, il fait nuit noire depuis 2 bonnes heures.Un fois qu'il fait noir, un des gars se tient à la proue avec une lampe de poche et tente de distinguer les deux rives. Ils ont également couvert le feu de la cuisine, avec la lueur qu'il dégage dans sa fumée nous étions complétement éblouis. Malgré tout ça, on s'arretera tous les 100m pour retirer les herbes de l'hélice, qu'ils n'arrivent plus à éviter. Et comme il y a du courant contre nous, on recule presque d'autant à chaque fois Donc alternativement on s'enfume au bambou qui brule sous la marmite et au gazoil ! On s'arrète vers 20h apres 2h de cette ambiance un peu surréaliste à ajouter à ça que l'on se comprend très difficilement avec le bruit. Nous ne savons pas du tout où nous sommes...mais surement pas trop loin d'un village car nous avons perçu des cris d'enfants.
Avec le canal et les marais autour on ne rigolera pas sur le répulsif et la moustiquaire. Les sacs de poivres c'est un peu dur, mais je crois que l'on s'est tout de même endormi très vite dans cette odeur agréable et avec ces quelques mouvements pour nous bercer.

Quel étonnement quand nous nous faisons réveiller par le takatak vers 1h30, ils repartent déjà ! Il y a un peu plus de lune ce qui à l'air de faciliter la progression, surtout on rejoindra un lac plus profond assez rapidement.
Je ne sais pas comment c'est possible mais on se rendormira tous à 3m du moteur !
Quelques photos au flash au petit matin :
Tout se fait dans le canal.
le deuxième a émerger.
Et la dernière...
C'est gris ce matin, mais tout de même joli. On verra pas mal d'oiseaux ressemblants au martin pécheur, et un autre du même format mais plus dans les couleurs du pic vert.
Entre temps notre co-passager est descendu à sa destination...on en débarque et réembarque régulièrement. Découpage de bananes vertes à la machette pour le petit déj.
Ça cuit...
Mais ce n'est pas si bien réveillé que ça tout ce petit monde !
Les bananes sont servies avec des gros cristaux de sel...les vertes ne sont pas du tout sucrées et le goût se rapproche plus de la patate. "C'est un peu pas trop bon", a dit Paul, on a réussi à donner la fin !
Des beignets de crevettes toujours autant de vendeurs à chaque arret. Ils ne doivent vivre que du passage des bateaux.
Pleins de nénuphars, blancs roses et violets.
Une végétation plutôt nouvelle pour nous.
Autre technique pour barrer, la classe !
Il faut un peu tuer le temps, alors on taille le barbu avec les moyens du bord.
On ira refaire le stock de bois pour la cuisine.
Beignets de crevette, oeufs de canard, fritures de manioc et bonbons coco !
Ils ont très souvent des chapeaux en rafia...mais c'est le premier que l'on voit comme ça.
Ça c'est bon les beignets de crevette...
Encore une embouchure, mais ce coup ci on voit la mer.
On est sur le toit, la vue est plus dégagée et surtout il y a moins de bruit. Paul est plutôt fier car il n'est qu'avec papa, Jeanne s'est rendormie !
A la proue aussi
Riz et petits haricots à midi...on ne fera pas de reste...Contrairement aux deux plus jeunes si nous étions à la maison !
J'apprends pour passer mon brevet de takatak. Pas évident déjà de se tenir assis sur la planche avec les vibrations. Ils doivent vraiment bien connaitre, car malgré les consignes de mon instructeur (on ne se comprend pas, et de toute façon on ne s'entend pas) j'ai failli rater deux embranchements dans ce dédale de canaux. A chaque fois l'équipage se tenant devant se retourne l'air ahuri par la trajectoire peu conventionnelle. !
En arrivant à Mahanoro, c'est le déluge tropical...on attendra un peu sur le bateau.
Bilan : 84km en 25h (mais ce serait bien de la distance en ligne droite et le canal est trés sinueux car je n'ai pas l'impression que l'on a trainé tant que ça) on a bien fait progresser nos techniques de mime, et encore appris un tas de trucs avec les Malgaches, bref vraiment un bon moment.

4 commentaires:

  1. Encore une fois, ça a l'air génial, et les repas doivent être des surprises quotidiennes! On imagine bien le "C'est un peu pas trop bon" !
    Mais au fait, ils ne sont pas très grands les malgaches, à voir Pierre à côté du pilote !
    Bonne journée

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  2. Un reportage "fleuve" (peut pas écrire "canal, ça ne va pas ...).
    Que de photos (superbes) et d'infos passées.
    Au fait, pas vu le papier confirmant ton brevet de takatak!!
    Pour le futur retenez la recette des beignets de crevettes car les jeunes ont l'air d'aimer vraiment ça et ma foi nous aussi on aimerait bien tester.
    Pour les bananes vertes on va se fier au jugement de Paul.

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  3. C'est vrai que la gastronomie nous dépayse autant que les rencontres et les paysages! On voit aussi que toutes les pirogues ne sont pas en plastique comme ici, et que les conditions de sécurité sont moins draconiennes que ce serait en France, je me souviens du tour en canoe sur le marias poitevin, gilets de sauvetage obligatoires, c'était déjà sans doute un entraînement pour vous!
    Mais rien à voir, on est bien d'accord, en tout cas Paul a l'air bien content à l'avant de la pirogue!
    En tout cas sympa le plateau repas, ça donne envie!

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    1. toujours de très belles photos!
      J'aime à voir notre petit aventurier à l'avant du bateau ,qu'il doit être heureux!
      (on oubliera les gilets de sauvetage............)
      et quel bonheur pour Jeanne de voir sa maman à son réveil !
      nous pensons bien à votre petite famille

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